Je dis qu’aujourd’hui, l’art doit être raisonnable et dans son volume et dans les matériaux employés. Je ne comprends pas qu’il se permette en ces moments de grande fragilité planétaire autant de gigantisme et que la création devienne tellement industrialisée. Les artisans créateurs sont méprisés. Le sensationnel par son côté provocateur mais surtout pas subversif, tellement lisse tellement lubrifié est chouchouté par les politiques qui subventionnent cet art qui, en réalité, n’a aucune substance. Ils cautionnent ce qui en fait est moins que du vide et ces objets qui flattent l’oeil qui ne voit plus, qui n’est plus habitué à regarder qu’en mode accéléré en mode zapping, ces objets démonstratifs sont clairement le symbole de la médiocrité de l’homme. Personne n’est dupe pourtant et mis à part quelques brebis pas galeuses mais, peuchère, pas très contrariantes et dont le sens critique a été sérieusement émoussé par le papier émeri médiatique, par des propagandistes, par des promoteurs culturels qui comme des traders enfiévrés font monter la côte de tel ou tel artiste, produit sans tâche, le comble pour un créateur ,non personne n’est dupe ni le bon peuple ni les profiteurs, ceux qui se frottent les mains au dessus d’eux. L’art contemporain heureusement, ce n’est pas que cela. Dans l’ombre des grandes structures et des installations pseudo intello qui par ailleurs elles, ont le mérite de nous agiter quelques neurones, une grosse expression souterraine loin des marchés attend son heure. Elle est faite de gens passionnés qui n’ont pas le désir de gloire ni le désir d’argent pour s’acheter des Porsche ou des pierres précieuses car ils n’ont qu’un désir c’est celui d’assouvir leur faim de création qui les tiraillent autant qu’un besoin biologique, qu’un besoin vital. Ils souffrent ces gens là des règles de bonne conduite, des encadrements plats et pathétiques, du style… Ah oui parlons du style! Pourquoi est-ce qu’un artiste devrait s’imposer cette torture, ce carcan, cette laisse au cou qu’on appelle le style! Pourquoi s’interdire de traiter d’un sujet tout droit sorti de notre inspiration sous l’effet de je ne sais quel dogme écrasant. Pourquoi s’ empêcher de suivre son intuition, sa sensibilité du moment pour une idée spontanée une vision ou une réflexion sortie nue de notre esprit et s’imposer de l’ornementer d’une pâte qu i permettrait d’en identifier l’auteur. Qu’est-ce que j’en ai à foutre moi qu’on reconnaisse ou pas ma production. Les artistes s’ils le sont ne devraient plus s’imposer aujourd’hui de suivre cette contrainte archaïque. Bien sûr que certains le font! Les artistes ne sont heureusement pas tous obsessionnels! Les industriels et créateurs de produits par leur stylistique, les matériaux utilisés, doivent se distinguer afin que leur marque soit clairement reconnue par les consommateurs qui bêtement n’achètent pas le produit pour ce qu’il est mais pour la valeur accordée par le marché à cette marque mais nous, nous ne sommes pas des industriels. Je considère que les produits que créent les artistes dans le domaine musical, plastique, littéraire etc… ne doivent pas être les fruits d’une auto censure à la source même de leur création. Il faut comprendre à quel point cela nuit à l’espace culturel. Je pense que les artistes devraient tous militer pour une création indépendance , sans influence mercantiles et faire en sorte que les marchands se plient à leurs exigences et non le contraire. On se fout de satisfaire des marchands de tableaux qui veulent satisfaire des collectionneurs qui n’en ont rien à battre de la peinture sensibles seulement à la couleur de l’argent. Évidemment gagner sa vie sans « travailler »-c ‘est à dire exercer une activité sportive ou pire artistique- c’est compliqué alors les artistes se contraignent à écrire telle sorte de romans, à composer plutôt ce genre de musique, s’obligent a faire des installations, des vidéos, des performances s’obligent à expliquer commenter ce qu’ils font, a tirer de leur œuvre picturale une substantifique moelle. Est-ce parce ce que l’œuvre en question ne parle plus directement à nos contemporains qu’elle nécessite une traduction? Est-elle à ce point titubante, délirante, déclinante qu’elle ait besoin des béquilles de la langue? Il est tellement important pour une société saine de faire croître en son sein des artistes libres. Qu’on leur fasse confiance et qu’ils se fassent confiance aussi pour ne pas avoir recours a des artifices, à de l’épuration conventionnelle, à des pesticides si l’on veut une image claire, à des pesticides pour une culture de rendement calibrée, hors sol, qui a perdu goût et nutriments. Il y avait les artistes des rois, il y a aujourd’hui les artistes de l’état. Les autres n’ont qu’à faire les poubelles! Des structures pour les autodidactes, il y en a peu, peu de places dans les résidences souvent conditionnées par l’âge et le diplôme.
Moi, je rêve de grandes foires subventionnées en partie par les collectivités locales qui, en vérité pourraient « simplement » prêter des locaux publiques puisqu’un collectif de peintres autodidactes pourrait s’occuper du reste. Moi, je rêve de peintres libérés, déculpabilisés qui montrent ce qu’ils ont sous la peau, sous la pensée ;au moins qu’ils y tendent.