Je suis née, je le crois, un pinceau à la main. Je suis sûre d’avoir, sur le corps utérin posé un doigt nerveux et d’y avoir laissé une trace de rêve, une empreinte éphémère juste avant de sortir. Depuis, mon index a grandi mais pas assez pourtant pour toucher celui de Dieu. Et, s’il m’a servi à bien d’autres choses, je lui ai préféré, pourtant, à tort ou à raison, le poil de porc ou de blaireau.
Mon parcours scolaire ne fut pas lumineux mais l’amour du trait, l’amour du mot me fit frénétiquement remplir des cahiers.
Inscrite à l’école des Beaux-Arts de Versailles après mon année de Terminale, je n’y ai pas fait « long feu ». La passion ne supporte pas l’espèce d’autorité « désenchantrice » de l’enseignement relayée par certains professeurs frustrés qui sous le prétexte de tester les motivations vous en font voir de toutes les couleurs ! Aussi étais-je convaincue à l’époque que le feu qui m’animait et le travail personnel suffirait.
J’ai toujours travaillé assidument, souvent à l’extérieu, dessinant monuments, statues,hommes et annimaux.
Je suivais des cours de modèles vivants dans le quartier de la Motte Piquet Grenelle.
J’étudiais également par correspondance.
Je passais de longues journées dans les musées à prendre des notes, à esquisser, au Louvre entre autres mais surtout à Beaubourg.
Je passais des journées entières dans les musées, au Louvre mais essentiellement à Beaubourg.
A Marseille où j’habite alors, je prends des cours de dessin dans le quartier d’Endoume avec ce professeur fantastique dont malheureusement j’ai oublié le nom ; qui m’a redonné confiance et le plaisir du travail à l’extérieur. Je suis stagiaire quelque temps dans une petite entreprise de films publicitaires dans le même quartier. Je participe à plusieurs expositions dont une à Aubagne où je reçois un prix d’encouragement pour jeunes artistes.
A vingt cinq ans, alors que je vis sur Béthune, dans le Pas de Calais, à l’autre bout de la France, le destin me joue un mauvais tour. Il frappe fort.
J’ai la sensation d’avoir pris de l’élan pour un avenir ouvert à mes passions : art plastique et littérature et soudain, d’avoir heurté un mur, de m’être écroulée et d’avoir, dix ans durant, essayé de me relever.
Après cette période de léthargie aux allures de retraite anticipée, je regagne Marseille où je m’occupe de ce feu qui m’anime, je le nourris, je lui apporte l’oxygène et… je bûche ! Je teste les techniques, les matériaux. je travaille la peinture à l’huile et puis je découvre l’acrylique et je l’adopte pour des raisons pratiques. Je découvre plus tard les logiciels qui m’aident parfois à modéliser mes idées. Je m’inscris aux ateliers publics pour me confronter à nouveau, après des années aux modèles vivants. Là, je fais de belles rencontres : des peintres amateurs très motivés et des professionnels enthousiastes malgré la difficulté à se voir autoriser la pose d’un pixel sur l’écran géant et opaque du marché de l’art.
Je suis une autodidacte et je ne suis pas une courtisane
J’ai toujours travaillé seule, concentrée sur l’essentiel, sur l’émotion, en toute liberté, sans me préoccuper d’aucun commerce malgré les sacrifices que cela implique.
Aujourd’hui Internet me permet de m’exposer, de m’éditer. C’est une chance !
Pour autant, je m’intéresse à tout ce qui se fait dans l’univers de l’art et je suis toujours aussi boulimique d’expositions même si mon travail personnel est très chronophage.
Dans ma façon d’aborder un sujet de création, Je ne m’interdis aucune fantaisie. Je pense que le style est une foutaise et je suis bien aise de n’en avoir point.
Je traite des thèmes qui me touchent, qui m’impactent et je ne peux les retranscrire par le biais d’une technique, de couleurs, de formes préétablis sans trahir mon inspiration du moment donc, si besoin est, je fais le vide dans ma tête (en général c’est assez facile) et j’essaye de n’avoir qu’une contrainte (elle est déjà de taille), c’est celle qui concerne mon portefeuille.
Pour ce qui est des influences dont je pourrais être victime, je crois qu’en fait je suis tellement imprégnée des odeurs de plusieurs générations de peintres que je devrais porter plainte pour pollution olfactive !
Dans ce monde si sérieusement dérisoire, j’écris, je peins. Qu’ai-je d’autres à y faire ?