Ce soir-là, sous la lumière d’un champ d’hélianthes
Un lambeau d’ombre errant couvrait la terre ondée
D’un gris mauve incisif pris dans ses chairs béantes
Le ciel en fièvre happait les chaumes ensorcelés
Et le vol turbulent de leurs maigres corbeaux.
Les tourbillons marins tourmentaient sans cesse
Les feuillus en flamme qui hérissaient la nuit.
Mais la lune exaltée se blessait dans l’ivresse
Aux flèches des églises imposantes d’ennui
Laissant rouler dans l’air les rubis les plus beaux.
Ce soir-là, sous la lumière d’un champ d’hélianthes
Un lambeau d’ombre errant couvrait la terre ondée
D’un gris mauve incisif pris dans ses chairs béantes
Puis l’ombre disparut au pied d’un grand cyprès
Un homme était couché sur la mousse hérissée
Sa tête enracinée dans la terre brûlée
Laissant son front nu, une boucle sauvage
S’élevait furieuse le long des verts feuillages
Elle grilla l’œil curieux d’un cyclone qui savait
Van Gogh peint par la mort jamais ne s’éteindrait.