Aristote disait que la nature a horreur du vide et je constate qu’il en va de même pour l’esprit. Laissez-le un moment en vacances et il se remplit de pensées éruptives diverses. Elles n’ont rien à voir avec une friche qui a des racines de plantes un peu partout, non, cela ressemble plus à un envahissement ordonné. Il y une logique de couleur, de parfum, de forme dans l’apparition de ces pensées.
Même les mains occupées ou les pieds, rien à faire ! Quiconque peut le constater ! Ça vient tout seul ! En faisant du jogging, dans le bus, le métro boulot dodo, ça vient !
Il suffit d’en prendre conscience et d’en profiter.
Pour un oui ou un non, elles prennent place en se moquant royalement de notre désir de faire le vide.
Si encore elles puisaient dans du bon terreau afin que surgissent des brins de poésie, des bouquets d’images ou de sons aux douces fragrances, si elles faisaient remonter une sève bienfaitrice mais ce n’est pas toujours le cas.
Il est donc essentiel de savoir chasser, par exemple toutes les pensées qui tournent en boucle.
Ce ne sont pas des pensées fécondes car elles proviennent d’idées noires et sont souvent exubérantes. Elles ont tôt fait d’investir l’endroit et d’étouffer, avec leurs lianes enchevêtrées, de tendres herbages opportuns.
Alors laissons, laissons le champ de notre esprit qui ne sait pas demeurer vierge se tapisser de pensées exquises.